Brexit : l’Europe a-t-elle peur des libéraux ?

Certains, à Paris ou à Bruxelles, seraient très contents de voir le Royaume Uni hors de l’Europe. Et ils s’impatientent aujourd’hui que les Britanniques ne soient pas encore partis.

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Brexit : un choc monétaire pire que 2008 ? By: frankieleon - CC BY 2.0

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Brexit : l’Europe a-t-elle peur des libéraux ?

Publié le 21 octobre 2019
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Par Michel Faure.

Theresa May avait raison : « Brexit is Brexit ». Et j’ajouterais « hélas » ! Car le  Brexit, qu’il soit avec ou sans deal, hard ou soft, ferme la porte de la véritable avancée libérale de l’Union européenne : le libre commerce via le marché unique, avec tous les pays réunis sous les même règles d’ouverture. Cette liberté fondamentale d’échanger sans entrave a grandement participé à la croissance et à la prospérité générale au sein de l’Union.

Le Brexit met également un terme à la liberté de vivre, de travailler, d’étudier, d’aimer, dans n’importe quel pays de l’Union sans aucune restriction réglementaire ou bureaucratique. C’était hier possible, même au Royaume Uni ou dans les pays qui ont le tort de ne pas être dans l’espace Schengen. Ce sera peut-être encore possible à l’avenir avec les Britanniques, mais plus compliqué.

Voir un pays comme le Royaume Uni quitter l’Union est pour moi un pur chagrin. Les Britanniques ont souvent embrassé le libéralisme, avec Margaret Thatcher, bien sûr, mais aussi avec Tony Blair ou David Cameron.

J’ai longtemps pensé que l’adhésion de la Grande Bretagne à l’idée européenne serait un aiguillon permanent pour les réformes à Bruxelles et dans d’autres pays membres. L’UE a depuis longtemps besoin de moins de bureaucratie et de régulation, de plus de transparence, d’un meilleur équilibre des institutions qui d’ailleurs, petit à petit, se met en place, entre Parlement, Conseil et Commission. En lançant son référendum, Cameron a succombé à l’illusion que ses 27 partenaires le soutiendraient en faveur de réformes censées convaincre les eurosceptiques du Royaume du bien-fondé d’être en Europe.

Mais sur le continent, largement dominé par l’étatisme, aucun dirigeant n’est venu au secours de Cameron, et surtout pas la France qui a toujours vu la Grande Bretagne comme le cheval de Troie du libéralisme.

Certains, à Paris ou à Bruxelles, seraient très contents de voir le Royaume Uni hors de l’Europe. Et ils s’impatientent aujourd’hui que les Britanniques ne soient pas encore partis. « Ils nous font attendre », s’indignait récemment une députée  européenne des Républicains. L’Élysée ne voit pas l’intérêt d’une nouvelle extension du délai du Brexit que demandait samedi 19 octobre les parlementaires britanniques.

Peut-être que tous ces impatients restent aveugles à la gravité du moment. Peut-être ne voient-ils pas combien la majorité des députés britanniques est admirable, combien ils sont constants, déterminés, résistent et luttent contre un gouvernement qui veut, pour sauver son parti désuni, leur imposer une procédure de sortie rapide et problématique. Peut-être n’ont-ils pas compris que ce parlement se bat contre un coup de force populiste. Peut-être, aussi, n’aiment-ils pas les Britanniques parce que ces derniers sont ce qu’ils ne sont pas :  individualistes, tolérants, civiques, parfois excentriques  et souvent libéraux.

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Créer un compte Tous les commentaires (17)
  • Le Brexit est une vraie chance pour le RU de se lancer dans le libéralisme pur et donc très attractif pour ceux qui souffrent du socialisme sur le continent. Avec l’Irlande comme cheval de Troie pour faire entrer et sortir les biens, je ne vois pas bien comment les taxations pourront s’appliquer.
    Le Brexit vu du côté français, ça me fait penser au conjoint divorcé qui veut pourrir la vie de celui qui ne trouvait plus son compte dans l’union. Du coup, c’est perdant-perdant par vengeance. Ceux qui espèrent ici que les Anglais revotent une seconde fois, c’est les maris ou les femmes qui croient jusqu’au bout que l’autre va finalement renoncer et revenir dans le foyer.

    • Je ne vois pas pourquoi la GB se lancerait dans le libéralisme pur après le brexit alors qu’elle ne l’a jamais fait avant. L’étatisme et le socialisme en GB existait avant l’UE. Ensuite le peuple est partagé quasi également sur le brexit. Le brexit n’est rien (ou presque) d’autre que de l’anti-continentalisme si cher aux insulaires.
      Chance ou pas pour la GB, je pense que le brexit ne changera bon an mal an pas grand chose.

  •  » Et ils s’impatientent aujourd’hui que les Britanniques ne soient pas encore partis. »

    et pour cause , apres 3 ans de tergiversations de la classe politique qui s’avère incapable d’appliquer le resultat d’un referendum , on viens encore nous bassiner avec des considération anglo – britanniques
    ils ont voulu le brexit? maintenant il faut assumer et basta
    oubien avouer avoir fait fausse route et faire un nouveau referendum

    • Etes vous réellement persuadé que l’Europe est sur la bonne voie et que le Royaume Uni fait fausse route ?

      Pour moi, nous perdons le seul partenaire qui depuis Thatcher a toujours tenté de faire valoir son point de vue libéral dans l’Union.

      Son départ pour moi a un gout amer:
      le centralisme administratif européen a gagné;

      mais comme dirait l’autre, ‘en même temps’ il a entamé son processus d’auto-destruction.
      Il le sait, et ses menaces et imprécations n’y changeront rien…

      • en effet , mais si le RU réussit sa libéralisation et que ses résultats s’améliorent sensiblement… c’est la fin de l’union europeenne car tous voudront faire pareil

    • désolé mis c’est bien un probleme anglo britannique

    • La possibilité de sortir, c »était une « concession » pour faire croire aux « cocus du non au référendum Européen » que le traité voté par leur représentants était différent. Les Anglais ont pris cette possibilité au sérieux et remplit le Cerfa de sortie ; mais personne derrière le guichet pour savoir quoi en faire !

  • Soumettre à des règles communes des pays qui ont des spécificités différentes, des intérêts parfois incompatibles, est-ce libéral?
    Le fait d’avoir des règles différentes n’empêche aucunement de commercer… et les échanges se développent depuis la nuit des temps sans que des technocrates prétendent les organiser d’en haut…

    • reste a s’entendre sur les normes , les flux financiers etc..

      • Au XIXème siècle, la seule norme qui vaille était « made in England ». Il n’y avait aucune monnaie unique et pourtant les anglais ont commercé avec le monde entier sans la moindre difficulté. Sommes-nous à ce point abrutis par la bureaucratie genre UE pour penser qu’on ne peut vivre sans normes au point que dix volumes in-quarto n’y suffisent pas? Les flux financiers se débrouilleront tout seuls.

      • Les normes sont-elles nécessaires ou simplement l’information sur les produits qu’on achète?

  • Et voila, encore un idolatre de cette heresie anti-démocratique qu’est devenue l’UE . Quand va-t-on enfin comprendre qu’il n’est nul besoin d’une quelconque organisation administrative pour que les pays passent les accords qui leur conviennent le mieux . Ces marchands de catastrophisme me saoulent et je me demande parfois ce qu’ils auraient à gagner à empecher la GB de sortir de l’UE, à part le faitqui si les Britaniques s’en sortent mieux après qu’avant, l’UE aura démontré se totale inutilité et j’espère que ce sera le début de la fin pour cette hérésie et tous les parasites qui en vivent .

  • Je rappelle à l’auteur de cet article que le PEUPLE britannique a voté pour la sortie de l’UE et que les députés trahissent la volonté populaire qu’ils sont censés représenter et concrétiser! Comme tous les politiciens dans le monde qui se foutent complètement du peuple et de la démocratie!

  • Je ne vois pas en quoi les échanges avec l’UE seraient plus compliqués ? Ils sont de base pas dans l’espace Schenghen, et ont des accords (des traités commerciaux inter « zone/pays » quoi)… Je ne vois donc pas en quoi il ne leur serait pas possible d’en faire autant une fois sortie de l’UE… C’est d’ailleurs ce vers quoi vont les « accords » proposés : sortir de l’UE et ne rien changer des accords passés auparavant (en gros et simpliste)… Argument très hypocrite donc.

  •  » la majorité des députés britanniques est admirable, combien ils sont constants, déterminés, résistent et luttent contre un gouvernement qui veut, pour sauver son parti désuni, leur imposer une procédure de sortie rapide et problématique »
    Ce qui est problématique c’est qu’il n’y ait pas eu de procédure de sortie plus rapide justement ! Près de trois ans à discutailler pour ne pas faire avancer d’un pouce l’organisation de ce que le peuple britannique a souverainement décidé, et on voudrait dire que des députés qui veulent encore faire pourrir les délais sont admirables pour cela ?
    L’auteur de l’article ne se sent pas un peu pris dans ses contradictions, entre la glorification du libéralisme britannique, et le souhait que la technocratie illibérale bruxelloise conserve la mainmise sur les sujets de sa gracieuse Majesté ?
    Il faut une dose singulière d’auto-aveuglement pour croire encore que la présence britannique dans l’UE pourrait faire évoluer celle-ci dans un sens libéral quand tout son fonctionnement depuis un quart de siècle hurle le contraire.

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